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Arverne BD
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1 novembre 2006

Mexique - Bagdad - Paris (Louvre)

Enfin enfin, quelques lignes complémentaires sur les choix du vendredi 27 octobre dernier...

Ciudad Juarez, ville mexicaine frontalière des USA (au droit d'El Paso) est fort tristement connue pour une série sans précédent de crimes abominables qui se sont produits au fil des années : toutes les victimes sont des femmes, le plus souvent jeunes, et dont les corps ont été retrouvés torturés. Plus de 300 femmes retrouvées ainsi et la police qui piétine sans qu'aucune piste sérieuse n'est, semble-t'il, était suivie. De nombreux suspects arrêtés, mais aucun vraiment crédibles, des liens avec les narcotrafiquants, une collusion entre ces mêmes trafiquants et quelques politiciens, et surtout des souffrances sans fin pour les femmes.

lucha01C'est cette ville et cette tragédie que Peggy ADAM prend pour décors dans sa dernière livraison, Luchadoras, paru chez l'éditeur suisse Atrabile. Luchadoras, c'est les "lutteuses" en espagnol. Et en effet, c'est bien le thème de cette histoire de Peggy ADAM : la résistance, la lutte des femmes contre cette violence omniprésente
- dans la famille avec des maris et compagnons violents et hyper machos,
- au travail dans les usines d'assemblage de biens de consommation pour les USA voisins et sous la coupe de petits contremaîtres moustachus,
- et enfin dans la ville avec ces crimes impunis.

Peggy ADAM est une jeune dessinatrice française connue notamment pour sa participation au Café creed, collectif de jeunes auteurs angoumois, et au site de Coconino world. J'avais lu d'elle deux volumes Presque le printemps et Presque l'été, curieuses histoires mêlant amours et petites tragédies quotidiennes, des histoires profondément humaines, parfois presque un peu dérangeantes par un climat curieux...

Avec Luchadoras, elle nous emmène à sa façon à Ciudad Juarez, dans une histoire d'amour et de haine entre une femme mexicaine, forte de caractère, son concubin violent et macho, et un touriste de passage, un peu voyeur venu dans la ville suite à cette série de crimes... A travers un dessin noir et blanc simple mais expressif, qui pourrait rappeler un peu Marjane SATRAPI, Peggy ADAM nous fait découvrir cette ville, où la fréquence des crimes crée un sentiment de peur mais également, semble t'il, de fatalisme... La police est corrompue, les gangs sèment la terreur, et au bout du compte les femmes sont toujours les victimes, du ou des tueurs ou des hommes... On s'attache rapidement à Alma, héroïne de l'histoire, qui tente de retrouver sa liberté entre Romel son compagnon et Estrella sa soeur. Un bel hommage à ces femmes qui luttent.

Pour en savoir plus sur Ciudad Juarez, ne ratez pas ce site consacré exclusivement à cette affaire, et qui présente un webdocumentaire très étoffé, effrayant et consternant.


Heureusement plus léger, les chercheurs de trésors de David B. paru dans la collection Poisson pilote chez Dargaud.

David B. fait partie, aux cotés des TRONDHEIM, SFAR, BLAIN etc..., de cette nouvelle génération d'auteurs de bande dessinée français qui ont largement contribué au renouveau actuel du genre. Il est également l'un des fondateurs de l'Association. Sa 1ère oeuvre majeure (et qui reste sa principale à ce jour), ce sont les magnifiques 6 tomes de l'ascension du haut mal (le haut mal, c'est un autre nom pour l'épilepsie) parus à l'Association justement. Il y raconte son enfance, et l'omniprésence de cette maladie, la façon dont elle conditionne les rapports familiaux entre ses parents, son frère, sa soeur et lui. Une superbe bande dessinée que je ne peux que vous inciter à découvrir si ce n'est déjà fait.

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Mais revenons aux chercheurs de trésor : nous sommes à Bagdad en l'an 808 sous le règne du calife Haroun el Rashid : une étrange corporation se rassemble pour tenter de résoudre un mystère. Pourquoi certains hommes ou certains objets se retrouvent sans ombre ? qui est derrière ces enlèvements ? Vous y découvrirez un monde magnifique, reprenant avec bonheur les thèmes des contes des 1000 et une nuits, où la poésie et les rêves sont omniprésents. J'adore ces univers dans lesquels David B. nous emmène à merveille, bien servi d'ailleurs par des couleurs de Thomasine (bravo !). Son dessin est extraordinaire, nous proposant des créatures magiques et mystérieuses et des décors enivrants. Il fait preuve de poésie et d'une imagination savoureuse : voir par exemple la magnifique danse d'amour entre le forgeron et la flamme de sa forge...

Deux tomes sont parus, L'ombre de Dieu et la Ville froide. Je ne sais si une suite est en préparation, mais je l'espère...

Enfin, Les sous sols du révolus, de Marc Antoine MATHIEU, est un nouvel album publié dans le cadre du partenariat entresousol les (nouvelles) éditions Futuropolis et le musée du Louvre. Rappelez vous le principe déjà évoqué à propos de Période glaciaire de Nicolas de CRECY : carte blanche est donnée à des auteurs pour proposer leur vision, leur exploration du Louvre et de ses incroyables collections. C'est donc Marc Antoine MATHIEU qui s'y colle cette fois, MATHIEU, le père des aventures de Julius Corentin Acquefacques, et ses univers d'un N & B absolu, peuplé de fonctionnaires respectueux de l'ordre et des conventions, travailleurs de l'ombre d'improbables administrations.

Ici, Eudes le Volumeur est chargé de réaliser un inventaire des collections et autres possessions de cette étrange bâtiment, le Révolu (cherchez l'anagramme) dont les sous sols constituent un labyrinthe aux multiples niveaux. Eudes le Volumeur va s'enfoncer dans cette exploration, oeuvre d'une vie entière, et au fil des chapitres, découvrir diverses facettes de ce Révolu, et y croiser quelques oeuvres... Une exploration propice à diverses réflexions non sans intérêt sur l'art : quelle lien entre l'oeuvre et ses copies ? quels partis pris pour la restauration ? encadrement et disposition des toiles, peut-on recréer du signifiant ? (celle-là, vous ne l'aviez pas vu venir, hein ? C'est cela de faire - parfois - quelques infidélités à Arverne pour croiser France culture... On y apprend des mots nouveaux, des concepts : le signifiant !!!).

Plus sérieusement, une superbe réalisation et une autre vision décalée du Louvre, qui complète celle de Nicolas de CRECY.
Vivement la suite !

Bonne lecture

Pierre

Ces chroniques bénéficient du soutien de la librairie spécialisée Esprit BD, 48 bis rue St Esprit à Clermont Ferrand. Merci à eux.
Les illustrations sont bien sûr la propriétés des auteurs et autres éditeurs concernés, cela va sans dire...

L'index des chroniques est également en ligne, et c'est ICI !

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Commentaires
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Ben à ce rythme là, m'est avis qu'on va avoir du mal à avoir une chronique électronique demain... Surtout que la bonne excuse de la semaine dernière, c'était sûrement de la gnognote à côté de celle qu'il se garde sous le coude pour les jours à venir... Je n'en dirai pas plus, mais je compatis !<br /> Pour ce qui est d'Arverne, signifiant ou pas, j'aurai du mal à me prononcer, vu que ses ondes ne m'atteignent pas encore. Mais j'aurais tendance à croire Rima sur parole, et de faire fi des petits piques du Boss...<br /> En tout cas, merci à lui de lire et d'analyser tout ça pour nous, car moi à cette dose, c'est pas la grosse tête, c'est carrément l'explosion que je risquerais !
R
Arverne ne le cite pas, mais en offre tous les jours, du signifiant ! non ? aller ... SI !<br /> <br /> J'en profite aussi pour saluer JACK et le remercier pour ses encouragements sympathiques. (Au risque de faire prendre la grosse tête à Monsieur Pierre, surtout qu'aprés c'est pas facile pour mettre le casque radio).
Arverne BD
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