Biennale de la bande dessinée de voyage de Clermont d'Arverne 100.2

Chronique un peu spéciale ce vendredi 17 novembre car pour partie consacrée à la biennale du carnet de voyage qui se tient à Clermont-Ferrand du 17 au 19 novembre...

La bande dessinée est également une sorte de carnet de voyage : voyage dans le temps, dans l'espace, dans l'imaginaire... Le carnet de voyage est un témoignage, une  ré-interprétation du monde, comme la bande dessinée ; le carnet de voyage peut être dessiné, photographié, écrit, et le plus souvent mêlant un peu de tout cela...comme la bande dessinée !

Pas étonnant donc de retrouver à la biennale nombre d'auteurs... de bandes dessinées. Citons cette année : Jacques FERRANDEZ et ses carnets sur les villes arabes, Jacques de LOUSTAL, élégance et dandy, TROUB'S l'ami des vaches et auteur du formidable Penser parallèle évoqué dans ce blog, et François DERMAUT dessinateur des Chemins de Malefosse et présent ici à l'occasion de ses dessins pour illustrer la route de la soie parcourue avec Bernard OLLIVIER.

La biennale constitue une superbe invitation au voyage, aux voyages devrais-je écrire compte tenu de la diversité des destinations (des plus lointaines aux plus proches) et des formes des carnets et autres récits...

Mais pendant la biennale, la bande dessinée continue et les nouveautés envahissent les bacs des vendeurs, pour notre plus grand plaisir parfois... Dans cette profusion, que retient le chroniqueur d'Arverne 100.2 ?

Hé bien il retient et vous conseille :

• S., de GIPI chez Vertige Graphic - Coconino Press. GIPI, grand prix de la ville d'Angoulème, continue à me ravir avec ses productions. S. , c'est un portrait et un hommage à Sergio, son père. C'est extraordinaire d'intelligence, une construction par touches successives, par allers et retours dans le temps, qui dessine petit à petit le portrait d'un homme, avec ses ombre et ses richesses. Certains diront peut être : GIPI a un dessin pas fini, anguleux, parfois brouillon, mais qu'est-ce que cela est beau un dessin mal fini et brouillon !!! Mélange de traits et d'aquarelle, il possède une force et une personnalité évidente : j'adore !

• Magasin général, tome 2, Serge (décidément on reste dans les S.) de TRIPP et LOISEL chez Casterman. La suite de cette série qui nous fait découvrir le monde rural du Québec des années 19250 - 1930. Un suite de portraits de gens entiers, sincères, c'est frais (et pas seulement parce que cet épisode se passe durant l'hiver québécois !), c'est très sympa et on en ressort plein d'espoir et le sourire aux lèvres, ce qui constitue déjà une raison suffisante pour conseiller cette série.

• J'ai tué Adolf Hitler, de l'extraterrestre JASON, auteur norvégien déjà cité ici (cf. le 16 juin dernier) paru chez Carabas. JASON, c'est cet étrange auteur qui dessine des personnages à têtes d'oiseaux ou de chiens, personnages figés, tout en longueur, sans aucune expression... et pourtant cela fonctionne. On ne peut être indifférent à ces ambiances étonnantes. J'ai tué Adolf Hitler, c'est une histoire d'amour dans le temps, un tueur en série payé pour aller tué Hitler dans le passé, et qui va se trouver prisonnier du temps, et rechercher Hitler et sa propres compagne. C'est une histoire étrange, peut être moins réussie à mon sens que les premiers albums de JASON mais également plus accessible pour les nouveaux lecteurs qui ne connaissent pas cet auteur hors norme.

• Un homme est mort de Etienne DAVODEAU et KRIS, chez Futuropolis. DAVODEAU (Les mauvaises gens, Rural) poursuit son travail sur la bande dessinée sociale. Après la lutte des "écologistes" et le parcours syndical de ces parents, il évoque avec KRIS les événements des grandes grèves de mars et avril 1950 à Brest alors en pleine reconstruction après la destruction quasi totale de la ville lors de la 2nde guerre mondiale.

Les deux auteurs nous emmènent à la découverte de cette lutte des ouvriers pour des salaires décents, via un événement aujourd'hui oublié, la mort d'un manifestant suite à des tirs à balles réelles des forces de l'ordre. La CGT avait demandé à l'époque à un cinéaste sympathisant et engagé de suivre les manifestations et de porter un témoignages sur les luttes en cours. Ce film a aujourd'hui disparu mais grâce au travail de KRIS et DAVODEAU, construit sur un long travail d'enquête, cette histoire revit. A méditer dans une période où le grand capital se porte toujours bien, merci pour lui...

Bonne lecture

Pierre

Ces chroniques bénéficient du soutien de la librairie spécialisée Esprit BD, 48 bis rue St Esprit à Clermont Ferrand. Merci à eux.
Les illustrations sont bien sûr la propriétés des auteurs et autres éditeurs concernés, cela va sans dire...

L'index des chroniques est également en ligne, et c'est ICI !

Comments

[Eul'Fred]

Que c'est beau, à chaque fois cet auguste chroniqueur me permet d'y aller de mon petit conseil...
Et voilà que nous parlons voyage alors que je viens de découvrir Fikrie de Joël Allessandra chez la Boîte à Bulles. C'est sa première Bd et c'est une histoire quasi autobiographique qui se passe à Djibouti. Le scénario manque de continuité et le fil se casse parfois. Par contre les dessins en ocre et bleu sont un magnifique hommage coloré à ces contrées des bords de la mer rouge...Et le personnage d'Arthur Rimbaud accompagne le récit en filigrane. Qui plus est l'auteur est très sympathique, on a un peu causé à BD Boum (M. Pierre on vous attends toujours) et c'est le seul pour lequel j'ai sacrifié à ma décision de ne plus demander de dédicace. Donc, sans hésitez à acheter...

Moult Joies

Plus :
http://www.sceneario.com/album_6388.html
http://www.bdgest.com/critique_1801.html

[000]

Et bien, je ne m'étais pas trompé(e) dans mon message précédent : il y avait bien de la revendication syndicale dans l'air !

En fait, si je déchiffre bien, avec ce carnet de voyages, ça serait pas "plus de vacances" qu'il vous faudrait M. le chroniqueur, pour aller piller les magasins de BD du monde entier ???